Parlons cinéma

Au début c’est une curiosité, une petite bestiole intrigante, tu la caresses du doigt, elle s’y enroule, tu joues avec, elle te fait rire, et je le sais, car ce début rigolo, j’y étais. C’était prévisible, mais tu n’y a pas pris suffisamment garde, elle grossit, quoique tu essayes, elle continue à se renforcer. Plus elle distille la peur, plus elle devient puissante. Même tes amis y passent. Elle sait s’adapter, sa forme évolue, mais sa nature profonde, elle, ne change pas : c’est une bête immonde, une ignominie. Tu mets des cordons sanitaires, des sas de confinement, mais ils sont vite, les uns et les autres, rompus et corrompus. Tu essayes de la priver d’oxygène, mais rien ne fonctionne, elle boulotte tout sur son passage, elle produit de « la haine à l’état pur ». L’alternative finale : on l’expédie dans l’espace profond (et on obtient au moins un sursis), ou on la laisse atterrir (et cette victoire pour elle est la promesse d’infinis conflits). Voilà, heureusement c’est du cinéma, c’était ma critique de Life, un film de Daniel Espinosa sur les écrans depuis le 19 avril.

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La vraie face du plan B !

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Nouveau grand drame en 5 actes et alexandrins, inédit et d’actualité !

ACTE I

(Dans les écuries, François et Pénélope rendent visite à leurs chevaux)

Fillon

Il paraît qu’on me moque en vers de mirlitons,

Mais j’ai moi-même osé un bon alexandrin,

Je l’ai dit, à Poitiers, chez ce bon Raffarin :

« On voudrait que je sois un saint, je suis un homme ».

Pénélope

La césure est osée, à ta pensée en somme,

Un numéro entier, la Revue des deux mondes

Devrait y consacrer sans perdre une seconde !

Le système te hait, donc c’est impossible !

Fillon

Ce dossier existe, je n’ose dire : ta gueule !

Giesbert y fait de moi un portrait bien flatteur.

Hélas, c’était avant ! Aujourd’hui ils me lâchent,

Tournent avec le vent, ces dégonflés, ces lâches !

La mise en examen, et le juge Tournaire,

Font que dès mercredi, casaques ils tournèrent !

J’aime les choix tranchés, et non pas les « ni-ni !

Au diable les Solère et les Stefanini !

Ils m’ont filmé hagard dans les vignes du Gard,

Sur les quais d’une gare…

Pénélope

      … avec ton bodyguard.

Fillon

Si demain, au Troca, le Peuple est au taquet,

J’enjamberai les Champs, nous prendrons l’Elysée !

A mon ami Poutine il faudra demander

Des conseils avisés pour gouverner en paix.

A l’Elysée bien sûr, j’aurai l’immunité.

Des oranges, Penny, je pourrais t’apporter,

Ou bien des macarons, si Thémis en prison

Perdant toute raison, t’envoyait pour de bon !

 

ACTE II

 (Rue de Miromesnil. L’ombre des persiennes se projette sur la pièce. Sarkozy trône sur une petite estrade, assis sur un grand fauteuil.)

Hortefeux

On a sonné : voici les deux consiglieri.

Entrent Larcher et Accoyer. Ils baisent la main de Sarkozy.

Sarkozy

L’équation n’est pas simple : éviter l’hystérie,

Débrancher l’impétrant, et maîtriser Juppé.

Larcher

Débranche ? Hélas, Fillon ce n’est pas France Gâll,

Mais plutôt, pauvre rime !, un héros de Chabrol !

Fillon se maintiendra…

Accoyer

                                                … On a tout essayé !

Larcher

On lui a même écrit le discours, qui va bien,

De retrait dans l’honneur :

Accoyer

                                                          « … Pour protéger les miens,

Je fais un sacrifice… et en Homme d’Etat,

J’annonce mon retrait, sinon c’est la cata… »

Larcher

Il est dans le déni. Il pleurniche et il chouine,

Il est seul à présent. Il geint et puis il couine.

Hélas on est bredouille :

 Accoyer

                                                         Bien que seul et sans potes…

Larcher

… il nous casse les couilles, …

Accoyer

                                                         … il est droit dans ses bottes !

Sarkozy

A propos, c’est OK, j’ai parlé à Juppé,

Mais à ses conditions, car il nous fait chanter !

On va le chapeauter, avec un Comité,

Et un bras droit fidèle, on va lui imposer !

Hortefeux

Mais qui ? Baroin ? Wauquiez ?

Sarkozy

                                                           … Non, ils se neutralisent.

Vous adouberez Woerth, et sans rechigner, please.

Larcher

Quelle exemplarité ! Un ticket Juppé-Woerth !

Sarkozy

Zitto ! J’ai décidé ! Tant pis si ça te heurte !

Accoyer

Et Fillon ? Ses budgets ? Et puis ses parrainages ?

Sarkozy

Le seul parrain ici, fidèle à mon image,

C’est moi ! Quant à Fillon, il prendra du recul,

Ce collaborateur, s’il résiste, on l’encule !

On prend, au pire, un des experts du biz’,

Squarcini, Péchenard, … et on le Boulinise !

 

ACTE III

(Sur une estrade en plein vent, Fillon a troqué son Barbour contre un blouson d’aviateur)

Fillon

Debout, peuple de France, ils veulent te faire taire !

Tous les conservateurs, ces juges, ces notaires !

Euh, non, pas les notaires, mais les journalistes,

De la démocratie ces gens là sont le kyste !

Vous ne vous laisserez pas voler la victoire !

Aujourd’hui du pays nous écrivons l’histoire !

(La foule entonne Le Chant des partisans)

 

ACTE IV

(A la mairie de Bordeaux)

 Juppé

Lundi se réunit un comité LR.

Ils vont me diriger, minés par les affaires,

Vers un casse-pipe vraiment crépusculaire.

Mais si je refusais, de quoi aurais-je l’air ?

Calmels

Vous seul pouvez sauver une droite en lambeaux,

Vous êtes le plus sage à défaut du plus beau !

Juppé

Bayrou à plus jeune s’est rallié hélas.

Les gadins à mon âge, honnêtement ça lasse.

 

ACTE V

(Après la manif, sur le toit du QG)

Fillon (la mèche en bataille, l’œil exalté)

Bruno, mon Retailleau, mon dernier Résistant,

Nous voilà seul à seul, moi et toi mon Chouan,

Le Peuple de Paris était là, insoumis !

Paris humilié, le Général l’a dit !

Retailleau

Mais Paris libéré ! Par ses propres héros !

Fillon (sautant partout)

L’humanité entière est sujette au complot

Qu’il nous faut déjouer pour sauver la Nation

Et au-delà le monde… Une révélation,

Je te fais à présent. Je le sais, je le sens!

C’est une invasion des concombres géants !

Quand la nuit vient, on dort, et là ils nous remplacent.

Ils nous envahissent, ils viennent de l’espace

C’est le B du Plan B, comme Body snatchers,

Mes ennemis ce sont de vrais Profanateurs !

Retailleau (se prosternant)

Oui, Maître !

Fillon

                           Filmons ça, arrosons Facebook,

Ultime vidéo, pour éclairer ces ploucs !

Résistons ! De nos toits ! S’il le faut, de nos caves !

De nos châteaux ! Ha, aux lèvres j’en ai la bave !

(On entend des sirènes d’ambulances qui se rapprochent)

 

RIDEAU !

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Panique chez Pénélope

Un grand drame en cinq actes et en alexandrins, inédit et d’actualité !

ACTE I

(Autour du feu qui crépite dans la grande cheminée : François, Pénélope, et Paddy, leur fidèle setter irlandais)

François

Quarante ans ! Quarante ans de scrutins, de préaux,

De militants bornés, d’élections, de tréteaux !

J’ai coupé des rubans, tâté le cul des bêtes.

Combien de vins d’honneur ? De maisons de retraite ?

Et on dénie le mien ? Et on voudrait la mienne ?

Ces quatre décennies, il faut qu’on s’en souvienne !

Et Le Theule, et Séguin, je les ai enterrés !

J’ai fait tout le cursus, sénateur, député, …

J’ai sauté sur Paris pour contourner Le Foll,

J’ai laminé Dati, la diva, cette folle !

J’ai attaqué Jouyet et combattu Copé,

J’ai dézingué Sarko, éliminé Juppé,

NKM et Poisson et le pompeux Le Maire !

J’ai rallié les cathos, j’ai gagné les primaires !

C’est mon tour, sans pathos, enfin c’était mon heure !

C’était la revanche du « collaborateur » !

Voilà dix jours déjà le fâcheux Palmipède…

(Ce souvenir me glace.)

Pénélope

Il voudrait te voir dead !

François

… Me décocha hélas cette flèche du Parthe !

Elle atterrit ici, à Beaucé, dans la Sarthe !

C’est un odieux complot du pouvoir socialo !

Une conspiration des journaleux gauchos !

Pénélope

My dear, je suis sorry ; de mon envie de taf,

Pourquoi ai-je parlé au Sunday Telegraph !?

Pour la revue de Marc, j’ai écrit deux notules,

J’en suis, so exhausted !, restée sur les rotules !

François

C’est moi le responsable, Penny, j’en ai peur.

J’en parlerai demain à notre confesseur.

Si le parti me suit, …

Pénélope

Tu atteindras ton goal !

François

Sinon tant pis pour eux, le Crédit agricole

(Son agence à Sablé), encaissera le fruit

De mes conférences, ici, là, en Russie, …

Semaine décisive ! Ou ils osent ou ils cannent !

Ils se détestent trop pour dire : Yes, we can !

Ils n’oseront jamais, je les connais trop bien !

Voici nos avocats, faisons silence, on vient !

Entrent Charles et Marie, pull sur les épaules,

Charles, très « famille le quesnoy »

Daddy, Mummy, venez, allons faire un croquet !

Marie, tapant dans ses mains

Ca change les idées, c’est bon pour la santé !

 

ACTE II

(Dans le bureau du président du Sénat, l’état-major du candidat, en pleine effervescence)

Retailleau

Parlons clair entre nous : l’affaire Pénélope

Plombe la campagne, nous conduit droit au flop !

Il nous faut une flèche et non un pis-aller !

Aussi pour le Plan B, je ne vois que Larcher !

C’est à toi mon Gérard, avec ta bonhomie,

D’aller dire à Fillon d’en prendre son parti.

Ta rondeur épanouie, ton faux air de Noiret,

Sauront le convaincre qu’un retrait ordonné

Vaut mieux qu’une défaite aujourd’hui assurée !

Larcher

Et puis dans la foulée je pourrais annoncer

Que, poussé par les miens, j’accepte de gagner

Un rang en passant là du deuxième au premier.

Péné retrouvera son Ulysse à Ithaque,

Il en sera pour nous fini de ce pataq…

Ès… est-ce que vraiment, on veut finir ainsi ?

Stefanini

De Juppé à Fillon, une fois j’ai trahi ;

La trahison inverse annulerait le tout,

Je rentre à la niche, je suis un bon toutou.

Pour moi c’est à Juppé qu’il faut se rallier,

Encore nous faudra-t-il aller le supplier !

Le bougre est orgueilleux, à ses conditions

Il faudra se plier, s’il supplante Fillon.

Le nôtre de fion il faudra le huiler :

Ça le fera bander de nous montrer qu’il est

Le meilleur d’entre nous, à défaut du plus jeune.

Larcher

J’entends ce que tu dis, mais remisons nos guns.

La décision ne peut être prise dans l’heure.

Attendons donc un peu ; un train de sénateur

Nous permettra de voir ce qu’il convient de faire

Pour éviter de choir dans un oubli amer !

 

ACTE III

(A la mairie de Bordeaux)

Juppé

Pop pom pom pom pom pom…

Calmels

Vous avez l’air jouasse !

Juppé

Il me semble sortir d’un corridor de poisse.

A nous deux l’Elysée, et adieu la dèche !

J’ai la pêche, la méga-pêche et l’hyper-pêche !

Venise est loin d’ici et ne me tente plus.

Mais Paris vaut-il que je me casse le cul ?

 

ACTE IV

(Chez les Sarkozy)

Sarkozy

Je vous ai réunis, ici, à quelques-uns,

Car nous voici cernés par des hordes de Huns.

C’est la France aujourd’hui, et non notre seul camp,

Qui risque gros, qui risque tout, qui risque grand !

Nous saurons prendre nos responsabilités.

Votre soutien m’a-t-il déjà, jamais, manqué ?

Mon expérience est grande, et mon envie aussi,

Oh, pas pour moi, tu sais, mais pour notre pays !

De ma tranquillité faire le sacrifice.

Du naufrage actuel, je n’serai pas complice*.

Carla

Oh mon chouchou d’amour, comme tu parles bien.

Hortefeux

Nicolas, c’est trop bon, dans mon calbut, je viens !

Sarko

Mes amis, je savais pouvoir compter sur vous !

Carla

Comme tu as raison, tu es mon gros loulou !

Hortefeux

Ça y est encore, j’ai une trique en bois !

Wauquiez

Oui bien sûr mais…

Baroin

Tout à fait, cependant…

Sarko

Eh, quoi ?

Baroin

Tu sais, face à Macron, le renouveau est bon !

Wauquiez

Justement je suis jeune, et c’est moi le patron

D’une grande région, pourquoi pas de la France ?

Baroin

Ta ligne politique est à droite, elle est rance !

Je suis consensuel, et donc le mieux placé !

Sarko

Bon, ben c’est pas gagné, la séance est levée !

 

ACTE V

(A l’Elysée)

Hollande

Hélas, mon bon Jouyet, qu’ai-je dit, qu’ai-je fait ?

A qui vais-je laisser mon si bel Elysée ?

Ai-je eu tort de caler ? De quoi donc ai-je eu peur ?

Fallait-il y aller ? Est-il trop tard d’ailleurs ?

Ne puis-je revenir ? Moi Président, again..

Ils n’ont pas, mes cheveux, besoin que je les teigne !

Vois donc ces candidats, ce sont des nains, des teignes !

L’heure est-elle venue que mon pouvoir s’éteigne ?

Ne puis-je commencer la suite de mon règne ?

Je disais : « ça va mieux », alors qu’en fait tout baigne !

A l’idée de partir, je pâlis, mon cœur saigne !

Un seul salut : l’exil !

Jouyet

Mais où donc ?

Hollande

En Sardaigne !

RIDEAU !

* Les bonnes règles de la versification ne tolèrent pas ce type d’élisions, mais c’est Sarkozy qui parle, et il parle mal.

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Revenez-y

Le « procès Bettencourt » commence aujourd’hui. C’est l’occasion de relire le drame en trois actes  que nous avions consacré à cette affaire en 2010, comme le temps passe !

CHATEAU DE CARTES – Acte I : Bridge de notables

CHATEAU DE CARTES – Acte II : Poker public

CHATEAU DE CARTES – Acte III : Belote des employés

 

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Pour Cabu

A un an de distance, en 1959 et 1960 respectivement, Goscinny crée Pilote, qui s’adresse plutôt aux adolescents (ce qui est déjà une rupture, car à l’époque n’existent guère que Spirou, Tintin, et Vaillant qui deviendra Pif), et le professeur Choron, Hara-Kiri, destiné d’emblée à un public adulte. Quand Cabu, il y a plus de cinquante ans, commence à dessiner pour chacun de ces deux titres, nous n’étions pas né. A chaque époque, ses titres de presse, éphémères, ou pérennes, parfois renaissants. Nous ne nous rendons pas toujours compte au jour le jour, à la semaine la semaine, au mois le mois, de l’importance qu’ils peuvent avoir pour nous. Sauf en cas de coup dur, ou de disparition, et c’est pareil pour les amis, même plus ou moins perdus de vue. Le personnage fétiche de Cabu, c’est son double, le Grand Duduche, avec sa coupe au bol, ses lunettes rondes, sa gentillesse, c’est simple, c’est un petit cousin de Gaston. Il en livra une planche hebdomadaire, dans le grand Pilote tout au long des années 1960. Quoi de plus émouvant que d’en feuilleter une collection riche de pages de Gotlib, Gir, Uderzo, Fred, Mézières, Greg, Morris, … Pacifiste, écolo avant l’heure, gentiment anar, amoureux de la fille du proviseur, Duduche, par sa subversion et sa poésie, annonce et accompagne mai 68 et ses suites. On trouve chez Vents d’Ouest un fort recueil (600 pages), paru en 2008, des histoires de Duduche. Des albums, à la couverture cartonnée, les dessinateurs de BD tirent une postérité plus assurée que celle des dessinateurs de presse, et Cabu fut les deux, parce que le papier journal est périssable et que, n’est-ce pas, l’actualité d’hier n’est pas nécessairement celle d’aujourd’hui. Du côté d’Hara-Kiri, fin 1970, à la suite d’un titre particulièrement provocateur (Bal tragique à Colombey : un mort, faisant doublement référence à un fait divers de l’époque et au décès du général de Gaulle), le journal est interdit. 2015-01-17 09.17.56N’était notre accablement, nous trouverions à ce seul titre cocasse de savoir que le président de la République défilera en tête de la marche d’aujourd’hui, dont nous serons, mais attendez, cela n’est rien à côté de la suite (car maintenant que voici ? Voici une veuve au regard de velours, mouillé, qui réclame à mi-mots une censure numérique ! Voici des Patriot Acts qui se fourbissent au nom même de la Liberté ! Et les voici tous, jusqu’aux plus conservateurs, jusqu’aux pires fourriers du blanchiment, hélas, Onc’Bernard !, et à l’héritier gabonais, et jusqu’aux néofascistes plus ou moins assumés, du hongrois Orban à la fille Le Pen, qui s’apprêtent à défiler bras dessus bras dessous, bientôt suivis des rangs serrés des curés, rabbins et imams que conchiaient à longueurs de colonnes Charb, Tignous, Honoré, Cabu, Wolinski, paix à leurs âmes qui n’existent pas ! Puisse au moins Charlie ou ce qu’il en reste refuser l’argent de Google ! Puis on apprend qu’Abbas et Nétanyahou seront de la partie, et alors on se prend à nourrir un semblant d’espoir : d’un mal absolu, peut-être, après tout, sait-on jamais, pourrait-il sortir l’esquisse d’un bien relatif ?). Bref. Hara-Kiri est immédiatement remplacé par Charlie Hebdo. Pourquoi Charlie ? Parce que les Editions du Square publient déjà Charlie Mensuel, la plus élégante des revues de BD des années 70 (dirigée par Wolinski, assassiné, horresco referens !, lui aussi le 7 janvier) sur le modèle du Linus italien, qui publie des BD françaises, italiennes, américaines, parmi lesquelles les Peanuts dont le « héros » est Charlie Brown. Dans Libération du 9 janvier, le grand Willem, sidéré, confesse entre deux verres de blanc qu’il est, avec Siné que l’on dit subclaquant, et après la mort, naturelle, de Cavanna, Reiser, Choron, Gébé, … et celle, donc, provoquée, de Cabu et Wolinski, le dernier survivant, un « dinosaure ». Sur ces entrefaites, Cabu dessine pour Récré A2, que nous étions, peu s’en fallait, légèrement trop âgé pour regarder la conscience dégagée, mais nous croyons nous souvenir qu’outre ses dessins, il y donnait la réplique avec timidité et drôlerie à Dorothée. Il crée Mon beauf, devenu un archétype du gros con ordinaire qui sommeille à dose plus ou moins forte en chacun de nous. Il en faisait encore un strip hebdomadaire, jusqu’à mercredi dernier, 7 janvier, jour de son assassinat et de parution du Canard enchaîné, dont il était, avec Pétillon, le meilleur dessinateur, toujours drôle et pertinent sur le fond, et vif et élégant dans la forme. En attestent sa bouche en cul-de-poule de Giscard, ses costards à rayures de Tapie ou Pasqua, sa sale gueule mal rasée de Juppé, son air égaré de Jospin, ses grosses fesses de Hollande, etc. Hélas on ne les reverra plus, ou alors sous forme d’hommages mais cela ne sera plus pareil.

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Sous la peau et dans la Toile

Under the Skin. C’est le même pitch que La Mutante, mais le traitement n’a rien à voir ! Point ici de transformations tentaculaires et gluantes et guère de scènes de fornication (à peine voit-on Scarlett rondelette nue) ! Elle erre dans les villes écossaises, les banlieues écossaises, les campagnes écossaises, les landes écossaises et les forêts écossaises. Un coup prédatrice, un coup proie. C’est assez expérimental, lynchien, beau et onirique. Légèrement chiant, aussi.

Transcendance. Quel méli-mélo ! Johnny Depp meurt au bout de dix minutes, mais,… mais mais mais mais mais…, comme Scarlett (justement) dans Her, son intelligence est uploadée sur la toile et là il prend de plus en plus de pouvoir… et il devient méchant… ou pas… A l’aide de ses processeurs quantiques qu’il fait construire sous le désert du Nevada en trois coups de pelleteuse, il investit les nanotechnologies et alors on voit les petites particules nanotechnologiques qui s’élèvent du sol en mode fugazi-fugazi-fugazi, et ensuite floutch-floutch-floutch, elles régénèrent tout ce qui leur passe par la main (notamment des panneaux solaires, plein de panneaux solaires, on voit la scène trois fois) sous l’œil inquiétant des hybrides, des êtres humains dont l’esprit a été avalé par celui de Johnny Depp (et ça, désolé, mais c’est quand même pas bien). Celui-ci rend la vue aux aveugles etc. et se croit l’égal de Dieu. Il y a des tas de personnages secondaires pas trop bien cernés (dont Morgan Freeman en scientifique militaire et Kate Mara en cyber-terroriste), et là il y en a un avec sa tronche de garçon coiffeur qui dit : I have to call  Washington, et alors ils deviennent tous amis (y compris le pote de Johnny Depp qu’ils ont enlevé, d’abord il a les nerfs et ensuite non, ça doit être le syndrome de Stockholm), et après ils inventent un virus vite fait, ils l’inoculent à cette gourdasse de Rebecca Hall et hop, le virus est uploadé (même que les scénaristes, s’il y en a eu, ont oublié les petites électrodes mais à ce stade du film on n’est plus à ça près), mais du coup il y a un gros shut down de tout internet et aussi, on ne sait pas pourquoi mais ce n’est pas grave, de la production d’énergie sur la planète. Mais les petites particules nanotechnologiques nettoient les rivières et font pousser les sapins, et ça c’est bien, et l’esprit de Johnny Depp et Rebecca Hall survit dans une flaque d’eau, ou pas, et ouf c’est fini.

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Enquête

Auriez-vous quelques minutes pour répondre à mon enquête sur les émotions au travail, qui servira de point de départ à mon mémoire de recherche dans le cadre d’un cursus à Paris 8 ?
Le lien pour accéder au questionnaire :
https://docs.google.com/forms/d/1n3rMRJ4mnhC9nHq2KrucHdjP3ddYtImWTfuR3bNRFvY/viewform
Explications : le travail émotionnel fait référence aux efforts déployés par une personne pour afficher les émotions que lui dicte le contexte de travail plutôt que celles qu’elle éprouve réellement. C’est en quelque sorte l’expression et la gestion des émotions au service du travail : dans quelle mesure doit-on contrôler ou faciliter ses propres émotions pour être plus performant ? De nombreuses recherches, en particulier dans les métiers de la relation client, révèlent que la manière de contenir, modifier, simuler des émotions dans son activité professionnelle pour répondre aux normes comportementales ou pratiques professionnelles de son entreprise, aurait un impact sur la satisfaction au travail mais également sur l’épuisement professionnel. impact sur la satisfaction au travail mais également sur l’épuisement professionnel.
Je vous remercie de votre participation qui permettra de faire avancer les travaux de recherches sur ce thème.
Les informations seront traitées en toute confidentialité. Les résultats seront analysés avec précaution et anonymat.
Rémi
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Coups de bile à Tchernoboule

Des quatre premiers Die Hard, nous ne nous souvenons guère que d’une scène du précédent épisode (2007) où Bruce Willis se bagarre à mains nues au-dessus d’une autoroute avec un avion. Au demeurant, avouons-le avec franchise, nous confondons un peu celle-ci (de franchise) avec L’arme fatale, dont nous sommes toutefois capables de citer deux éléments (on progresse) : la scène ou le coéquipier noir est assis sur les toilettes mais ne peut plus se lever sinon il fait exploser la bombe, et Joe Pesci en gangster agaçant. Consultons maintenant Wikichose et vérifions l’âge de Bruce Willis. Tiens il aura bientôt 57 ans. Il fait plus. Dans Die Hard 5, dans l’espoir de renouveler la série, ce qui tient lieu de scénario le voit atterrir à Moscou, sinon le principe reste le même, et il doit y avoir un public pour cela : beaucoup de tôle froissée, de pyrotechnie, de mitraillage, de testostérone, et le héros doit s’en sortir avec seulement des ecchymoses. D’ailleurs le spectateur (enfin, … moi) – et c’est un des éléments clés du suspense du film – est à l’affût de faux raccords : les traces de sang et autres bobos sur sa boule à zéro sont-ils bien à la même place d’un plan à l’autre ? Pour cet épisode il est flanqué d’un grand fils (peut-être le voyait-on enfant dans les premiers épisodes), une grande tranche de steak prognathe et bodybuildée avec qui il est en conflit au début mais pas à la fin car le combat rapproche, voyez le genre. L’ensemble louche du côté de James Bond, mais ne fonctionne pas vraiment, ni sur le plan de l’humour (il y a des vannes bien pourries comme le héros confondant Tchernobyl et une ville suisse appelée Grenoble), ni sur le plan du suspense : nos héros sont à la recherche d’un dossier compromettant (ce que Hitchcock appelait un McGuffin) et à un moment on apprend qu’il n’y a pas de dossier mais seulement de l’uranium et alors quoi ? Alors l’un des méchants se fait tuer par son masseur (un classique bondien, d’ailleurs les Russes font toujours des trucs bizarres comme jouer aux échecs ou aller au hammam), un autre (celui qui mange des carottes – c’est tout ce que les scénaristes, les pauvrets, ont trouvé pour le caractériser) se fait tuer par le traître, celui-ci se fait tuer on a oublié comment et on s’en fiche, et la jolie pépette russe (une brune, on avait raison de se méfier) se fait exploser par fanatisme, et nos héros n’ont plus, comme dans la vidéo rigolote, qu’à faire sauter le bouzin sans se retourner, avant de rentrer à la maison pour voir avec les producteurs si le nombre d’entrées justifie un sixième opus.

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La déchéance

Le député Galut veut déchoir Depardieu et les émigrés fiscaux de la nationalité française, ce qui sera difficile d’après Rue 89. A notre avis, la déchéance des droits civiques serait plus adaptée. Ou alors qu’on leur coupe la tête, ça nous rappellera Danton.

Dans sa pathétique lettre ouverte à Jean-Marc Ayrault, publiée ce week-end par le JDD, Depardieu évoque les raisons intimes qui l’amènent à s’installer en Belgique. Quelles peuvent-elles être ? Rejoint-il Poelvoorde avec qui il partageait des scènes dans le génial Mammuth et le révolutionnaire Le Grand soir ? Se rapproche-t-il de Dodo-la-Saumure pour mieux incarner DSK à l’écran ? Ou bien cherche-t-il à s’isoler pour mieux relire Saint Augustin : Ne t’en va pas au dehors, rentre en toi-même : au cœur de la créature habite la vérité.

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Grande bouche

Notre jeune collaborateur Arsène nous a soumis ce texte que nous publions bien volontiers. Merveille du multimédia, ce petit chenapan en a même fait un clip qu’on peut regarder ici !

Grande Bouche

Dans la piscine
Pas trop clean
De Takkiedine
Ta chocolatine
Plexée, plexée

On t’la barbote
C’est ton pote
Tu barbotes
Tu fricotes
Plexée, plexée

Dans ton parti la Cocoe
A la noix, Gros,
Même au Figaro
Pour eux c’est trop gros
Plexée, plexée

Le bruit et l’odeur
La racaille, le karcher
Tes mentors, ces menteurs
Ca leur a pas fait peur
Plexée, plexée

Tu marches sur leurs brisées
Avocat député
Les conflits d’intérêt
Ca te connait
Plexée, plexée

C’est la droite décomplexée

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