PowerPoint de salut ? (mercredi 13 octobre 2010)

Le cabinet dispose d’un « Manuel de rédaction », au format Word. Il s’agit d’un recueil « maison » de directives et bonnes pratiques à l’usage des consultants, en matière de rédaction, de structuration et de présentation des documents. Il prône un style sobre et factuel ; il proscrit le jargon, les anglicismes, les fioritures superflues, les abréviations absconses, les analogies abusives destinées à enfumer le destinataire, …

A l’occasion de la refonte de l’été dernier, nous avons ajouté une section consacrée à l’usage de PowerPoint, inexistante dans la version précédente de 2008. C’est qu’en deux ans, notre outil de travail privilégié a basculé insidieusement de Word à PowerPoint. Désormais la plupart des documents que nous produisons sont sous ce format, que je n’aime pas particulièrement. Il est pourtant pratique dans un cadre professionnel : il permet en principe d’aller vite et à l’essentiel, dans la conception comme dans la restitution ; il est adapté au format de l’écran ; il est visuel et intuitif ; il facilite le travail collaboratif… Mais si l’on n’y prend garde, il privilégie l’écriture paresseuse ; il favorise les raccourcis ambigus ; il encourage les copier / coller abusifs ainsi que les mises en page ludiques et infantilisantes (à la conception chronophage), au détriment du fond ; il hache menu toute tentative de raisonnement…

La pensée PowerPoint, Enquête sur ce logiciel qui rend stupide (La Découverte) est un livre documenté et bien écrit, à charge, parfois contestable, paru jeudi. Curieusement, l’auteur, Franck Frommer, a également publié un livre sur Jean-Patrick Manchette (le grand auteur de romans policiers en France des années 70 et 80, et accessoirement scénariste). Il est passé à la radio dimanche (à écouter ici). Son livre resitue l’histoire de PowerPoint dans l’évolution des outils bureautiques et des pratiques managériales. Exemples à l’appui, il en démonte les effets néfastes et manipulateurs. Il en décrit la prolifération, de l’entreprise vers l’administration puis l’enseignement. Il épingle les cabinets de conseil, au passage.

Ca tombe bien, nous avons prochainement une réunion d’équipe. Je pense demander à un consultant en intercontrat de faire une brève présentation critique du livre ; sur le fond, je lui suggèrerai de conclure que l’important, ce n’est pas l’outil en lui-même, mais l’usage qu’on en fait ; sur la forme, c’est prudemment que je le laisserai se débrouiller quant au choix du support…

A propos L'auteur

L'auteur commente quand il en a le temps l'actualité de l'entreprise et de l'économie, et, quand il en a envie, du cinéma et de la culture.
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3 commentaires pour PowerPoint de salut ? (mercredi 13 octobre 2010)

  1. morin dit :

    Merci pour la synthèse de ce livre. Je suis tout à fait d’accord avec l’aspect simplificateur de PowerPoint pour des présentations lors de réunions professionnelles qui finalement dispensent de lecture les participants. Néanmoins, il me semble qu’il constitue un bon support pour l’enseignement. Les étudiants auxquels j’enseigne (le droit) indiquent tous leur préférence pour un cours effectué avec ce type de support ; il est possible de rappeler un plan de cours, une problématique et surtout d’y inscrire des citations de textes, jurisprudence ou numéros d’articles de code sans pour autant en effectuer « la dictée »; en cela PowerPoint est à l’inverse moins « infantilisant ».

  2. nsaury dit :

    Power, le pouvoir dans les démocraties doit être soumis à la critique. Est-ce que PPT est un outil de pouvoir? Le dernier titre de marianne un logiciel dangereux.

    Je pense également que c’est l’usage que l’on en fait qui est le plus important. A nous de l’utiliser différemment vers un équilibre communication/participation.

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